Verramento_italiano_2016_05438RAF_1_NET.jpg

La principale préoccupation plastique de David Raffini se manifeste par l’utilisation du médium peinture :  

"Outre ce que j’ai nommé être une défiguration dans ma peinture, je suis intéressé par la frontière par laquelle naissent des formes. La naissance de la représentation, si elle est vraisemblablement datée historiquement, découle de la nécessité du langage associé à un instinct de survie des idées et pratiques. Rien n’a changé en somme depuis avant hier que l’homme est né. La technique a certes évolué mais nous sommes toujours à l’aube de notre humanité géologiquement. Je suis en ce sens un peintre primitif qui opère dans sa grotte-atelier du XXIe siècle".

Le visiteur entre dans l’exposition par deux vidéos :
« A côté tout ira mieux » qui raconte l’histoire d’une performance greffée à la commémoration du cinquantième anniversaire de la catastrophe du barrage de Malpasset. Cette performance consistait en la mise en place d’une exposition éphémère sur ce site.
« Amnésia », la seconde vidéo, s’ouvre par une explosion qui détruit un objet ressemblant à un mirador. Après cette déflagration, les images passent d’un extérieur déshumanisé aux tellures d’un atelier, où des objets se transforment en œuvre pour une exposition.

Ensuite, le regardeur ricoche d’une proposition à l’autre. En effet, en plus des vidéos l’exposition présente surtout des peintures. Ce déploiement d’œuvres dans l’espace est un témoignage direct d’une pratique d‘atelier disséquée, où des événements en provoquent d’autres par stratification. Entre figuration et abstraction, les œuvres frontières ainsi achevées sont autant de paysages nouveaux, formés par l’expérience de l’atelier.

INSULAE présente de manière exhaustive un champ d’expérimentation protéiforme de la peinture. Le mot Insula est l’étymologie de "île", mais aussi la zone du cerveau où se forment la mémoire et le goût.
En considérant que les œuvres sont des îles constituées par différentes accrétions dans l’atelier, la pratique de l’artiste, définie séculairement comme celle d’un créateur, pourrait alors être lue à travers le prisme de la géologie ; en strates. Elle existerait depuis la naissance même de l’Insula cérébrale.

En binôme, Pugnaire / Raffini ont l’habitude de ce processus dans leurs installations, où le public vacille entre une réalité matérielle et la fiction vidéographique que sa création même a provoquée. "L’archipel-exposition" INSULAE dévoile un certain mouvement tectonique, et traite d’un néant d’où surgissent encore des formes au delà de frontières apparemment établies :
"L’art est le rien, ce vide entre l’œuvre et le regardeur, l’espace en suspension qui relie deux particules distinctes pour que naisse la manifestation de la Poésie. La pratique, une science empirique où l’artiste lui même n’œuvre pas dans un désir de maîtrise totale, ni des œuvres ni de ceux qui les accueillent".

DAVID RAFFINI : Né en 1982 à Bastia, vit et travaille à Nice, France. Après une maitrise d’Arts Appliqués à l’Université de Corse en 2004, il poursuit ses études à la Villa Arson où il obtient son DNSAP en 2007. En duo avec Florian Pugnaire, ils présentent en 2009 « In Fine » dans le cadre des Modules du Palais de Tokyo. Ils investissent à nouveau le Palais de Tokyo en 2010 pour l’exposition “Dynasty”.
Plus récemment, à l’occasion de l’exposition « Le coefficient de Poisson », ils exposent une installation dans le patio de la Maison Rouge une installation spécifique. Le duo Pugnaire / Raffini a obtenu le 17ème Prix de la Fondation d’entreprise Ricard en 2015.
L’exposition «INSULAE, suite» est sa première exposition personnelle à la Galerie Papillon.