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JC Ruggirello 

Lingua Morta 

3 – 24 septembre 2022
Vernissage samedi 3 septembre, 15h-20h

Cherchant à se situer dans le temps et dans l’espace, Jean-Claude Ruggirello utilise toutes les possibilités que lui offre la technique de l’assemblage. Pour lui, il n’existe pas d’image qui soit plus intéressante qu’une autre. C’est plus l’espace qu’elles génèrent entre elles qui compte que ce qu’elles montrent. Par ailleurs, tous les matériaux trouvent grâce à ses yeux, et tout peut être utilisé. Ce qui est important, ce sont les rapprochements, les mélanges que le sculpteur opère.
Anne-Laure Boyer in Gestes, traces et autres signes, Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, 2005.

Ici, il s’agissait de vidéos performatives, au sens où elles mettaient en scène, dans un espace complexe, des actions dérisoires, sans but apparent, souvent répétitives et marquées par une sorte d’idiotie mais aussi de pénibilité. En fouillant d’avantage, je vis que l’artiste construisait effectivement de nombreuses œuvres en volumes et de toutes dimensions. […] Des œuvres affirmant poétiquement la discontinuité des lignes de force qui parcourent le monde et l’instabilité qui en résulte mais qui citent aussi abondamment l’histoire de l’art et les processus qui l’élaborent.
Alain Berland in JC Ruggirello, Ed. Analogues, 2011.

Plusieurs des installations vidéo confirmaient que c’est l’aptitude qu’a l’image en mouvement à produire de la sculpture ou plus généralement des formes, davantage que sa capacité à créer de la narration ou de l’imaginaire qui intéresse Ruggirello.
L’un des rares vidéastes français dont l’œuvre pourrait être vue en rapport avec les films de Jack Goldstein de la seconde moitié des années 1970.
in 20 ans d’art en France, Une histoire sinon rien, 1999-2018, sous la direction de Michel Gauthier et Marjolaine Lévy, Ed. Flammarion, 2018.

Ses recherches sont marquées par une quête de dépouillement, qui passe parfois par l’accumulation de formes pour atteindre à leur épuisement et de fait, à leur dépassement. Qu’il s’agisse de deux kayaks pliés en leur milieu et présentés comme deux gisants à deux mètres du sol, d’arbres entiers fraîchement déracinés et filmés en rotation dans un parfait équilibre horizontal, de machines diverses aux mécaniques rudimentaires ou d’appareils de projection, quelques soient les matériaux, le travail de l’artiste est toujours construit sur une saisissante surprise visuelle qui distille, dans un second temps, une infinité de lectures poétiques.
Gaël Charbau, 2020.

Jean-Claude Ruggirello est connu pour ses sculptures, ses vidéos et environnements sonores et visuels. Il a la particularité de concevoir le traitement de l’image, quel que soit son support, dans une dimension sculpturale et dans son rapport à l’espace. Entre maitrise et accident, il joue avec la nécessaire brutalité du geste du sculpteur, en mordant, perçant, arrachant, brûlant la matière. En même temps, il la déjoue, car il prête attention et "convertit" ces situations, ces objets ou matériaux du quotidien et les rend insolites et poétiques.
Valentine Meyer in open-ring.com, 2021.

Rares mais décisifs sont les tritureurs de sculptures, la mettant continuellement sens dessus dessous. Au pied levé, le Rodin de Meudon et ses bouts de membres en plâtre à réassembler indéfiniment. Rosso qui décalotte la sculpture en faisant de la cire qui sert à mouler le matériau unique de sa sculpture, quitte à ce qu’elle en arrive à fondre avec le temps. West et ses sculptures portables qui prolongent certaines parties du corps. Calder et son Grand Cirque si bien filmé par Jean Painlevé que le film rend mieux compte de l’œuvre que les seules petites sculptures qui restent à manipuler. Enfin Ruggirello qui utilise des déchets d’atelier, les réanime filmiquement. Jamais chez ces artistes de présence imposante de la sculpture. Ils auront réussi, chacun à sa façon, à la contourner. Ici nous intéresse Jean-Claude Ruggirello dans la mesure où il intervient dans le champ de notre corps social et l’illustre. Il s’explique. Il est concerné par le hors champ, l’angle mort de la sculpture, qui cherchait à s’imposer par sa masse et l’espace qu’elle s’accaparait et qui pourtant la fuyait. La sculpture, au contraire, chez lui, s’esquiverait au profit d’un devenir minoritaire à la Deleuze. Elle tenterait de se réinventer, en s’échappant à elle-même, abandonnant ses privilèges, s’inventant "une langue dialectale, minoritaire, non hégémonique", ce sont ses propres termes. Ainsi il récupère des objets épars, objets usuels comme mots usés, fabriqués selon des standards depuis longtemps établis, depuis l’antiquité pour faire court, pour les transformer, les malaxer, en sculptures, en un vocabulaire inédit. Il faudra suivre les avatars de son verre d’eau filmé à travers ses pérégrinations pour s’en rendre compte de près.
Eric Fabre, 2022.



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JC Ruggirello – né en 1959 à Tunis, vit et travaille à Paris.

Après des études aux Beaux-Arts de Marseille et à la Hochschule für Bildende Kunst de Hambourg au début des années 80, JC Ruggirello expose régulièrement en France et à l’étranger (Swiss Institute, New York ; MUHKA, Anvers ; Musée des Beaux-Arts, Dijon ; Frac Aquitaine, Bordeaux ; Musée des Beaux-Arts, Nantes…). Il réalise plusieurs expositions personnelles d’envergure, notamment au Frac PACA et au Centre d’Art Contemporain de Neufchâtel (2000) et au Creux de l’Enfer, Thiers (2004).

Ses vidéos ont été sélectionnées lors de festivals internationaux et présentées dans de nombreux lieux (MAXXI Rome, Fresnoy, Fondation d’entreprise Pernod Ricard, International Film Festival Rotterdam, Nam June Paik Art Center Corée du Sud, Fondation Maeght).

Ses œuvres ont intégré de nombreuses collections publiques ainsi que des collections privées importantes. Depuis 1999, il enseigne aux Beaux-arts de Marseille et la Galerie Papillon représente son travail depuis le début des années 2000.

En 2022, Ruggirello participe à l’exposition Végétal. L’école de la beauté organisée par la maison Chaumet au Palais des Beaux-Arts de Paris et un texte de Mihnea Mircan sera publié sur la plate-forme TextWork de la Fondation d’entreprise Pernod Ricard.