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VOID
[vwa
ʁ]


19 juin - 26 septembre 2021
vernissage samedi 19 Juin, 14h - 20h


Arnaud Eeckhout (BE, 1987) et Mauro Vitturini (IT, 1985) ont créé en 2013 le duo VOID dont le sujet de recherche et d’exploration est le son. Leur travail consiste à donner corps au son en l’inscrivant sur différents supports, donnant lieu à des œuvres plastiques aux contours variés : installations, sculptures, dessins, livres, objets… Cette première exposition personnelle en France à la Galerie Papillon invite à découvrir les différents versants de leurs recherches.
Le son n’a aucune enveloppe propre, il est par essence impalpable. VOID tente de matérialiser l’immatériel en élaborant différents processus d’écriture pour représenter le son, le traduire en langage visuel. Si cette représentation du son n’est pas toujours évidente et flagrante, il s’en dégage une poésie souvent nourrie paradoxalement d’inspirations scientifiques. Pour apprécier avec les yeux ce qu’on ne peut entendre, il faut plonger dans cet univers abstrait qui malgré une approche parfois systématique invite le regardeur à la contemplation.
Avec SARA 1 (Souvenir Archival Recording Apparatus, 2021), VOID revisite le processus inventé en 1860 par Édouard-Léon Scott de Martinville qui réalisa le premier enregistrement sonore de l’histoire. Une aiguille, reliée à un haut-parleur, frotte sur un cylindre enduit de noir de fumée. Cette aiguille dessine des lignes sur le blanc du papier suivant un prélèvement en temps réel de voix d’anonymes qui content leurs souvenirs. Le dessin témoigne des traces de l’oscillation de ces voix qui apparaissent de façon fantomatique sur le papier.
Matérialiser le son par le dessin est un processus que l’on retrouve dans nombre de leurs travaux comme dans la série Mappe Sonore (2020). Pour ces cartographies sono-visuelles d’espaces, il ne s’agit plus de l’inscription de la voix par l’enregistrement, mais de celle du paysage. Les artistes captent les données sonores d’un lieu en tentant de dessiner uniquement le son qui s’y propage et non l’espace, une sorte de méta enregistrement. Si à l’instar d’un Georges Perec auquel ils font référence dans cette tentative d’épuiser un lieu, à la différence de celui-ci, ils ne souhaitent à aucun moment le documenter par le référencement exhaustif de l’espace en question. C’est un paysage qui se construit, se dessine…Ce souhait de capter un espace se traduit différemment avec la série Compositions (2019). Par leur matérialité, ces peintures sur blocs de mousse absorbent le son et deviennent alors des sortes de "tombeaux acoustiques" de l’espace.
Une autre facette du travail de VOID est l’incursion de la voix dans le paysage. Au clair de la lune (2021) est née de la tentative de graver le son de leur voix dans le sable d’une plage. Un tirage en étain est réalisé in-situ permettant d’extraire du paysage le négatif d’un enregistrement sonore, bien que celui-ci reste inaudible.
Quant à Synonym’s synonyms (2021), les artistes utilisent un dictionnaire de synonymes en ligne et constituent une liste de 300 mots en partant du mot "ruine". Les mots gravés sur des briques constituent des pans de murs dont les surfaces sont rythmées par l’apparition et la disparition des mots. On est entrainé par une lecture intérieure dans une sorte d’enroulement sémantique induit par cette déclinaison d’un mot vers un autre. La signification initiale du premier mot choisi disparaît alors complètement. Peu à peu c’est le son qui prend le pas sur le sens. Le langage inerte de par sa codification dans le dictionnaire devient ainsi mouvant, émouvant.
Tout le travail de VOID tourne autour de cette tentative de capter quelque chose qui est de l’ordre de l’impalpable, épuiser le son dans toutes ses possibilités, mettre le doigt sur ce paradoxe. Quitte parfois à échouer dans cette entreprise exploratoire, paramètre qu’ils revendiquent complétement, d’autant plus que l’on est souvent fasciné par l’histoire que chacune des pièces révèle, l’histoire d’un son que l’on peut finalement regarder.

Anne-Laure Chamboissier (avril 2021)
Commissaire artistique - Champrojects

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VOID est un duo basé à Bruxelles composé de Arnaud Eeckhout (BE, 1987), diplômé d’un Master en art public de l’École supérieure des arts ARTS2 de Mons, et de Mauro Vitturini (IT, 1985), diplômé d’un Bachelor en peinture de l’Accademia di Belle Arti de Rome. Ils fondent VOID en 2013 et reçoivent le prix Médiatine en 2014. En 2018, ils sont lauréats du Salomon Foundation Residency Award et bénéficient d’une résidence à l’ISCP – New York. Leur travail est régulièrement présenté en Belgique et en Italie. A la suite d’une commande de l’Université de Saint-Louis (BE) en 2019, ils réalisent plusieurs installations in situ pérennes. Leurs œuvres sont présentes dans plusieurs collections privées en Europe, en Turquie et aux États-Unis. En 2022, ils présenteront une grande exposition personnelle au Musée du Jardin Botanique de Bruxelles (BE).[vwaʁ]est leur première exposition personnelle à la Galerie Papillon qui les représentent en France.